L’Histoire de la Nouvelle-France

Au début de l’ère des explorations européennes, les Français et les Anglais, aux près de nombreuses autres puissances européennes, n’ont pas tardé à s’engager dans la colonisation du nouveau monde. Pendant la plus grande partie de leur histoire coloniale en Amérique du Nord, les Français et les Anglais étaient rivaux et plusieurs guerres éclatèrent entre les deux puissances. Cela a conduit les Français et les Britanniques à fortifier la périphérie de leurs possessions nord-américaines en construisant des chaînes de forts avec des garnisons de soldats à l’intérieur. Même s’ils étaient largement en infériorité numérique, avec un ratio de 21 pour 1, les Français ont pu conserver la plupart de leurs territoires pendant plus de 150 ans, principalement grâce à l’énorme réseau d’alliances qu’ils ont construit avec la plupart des tribus autochtones locales. Cela a finalement pris fin pendant la Guerre de Sept Ans lorsque les Britanniques ont été en mesure de prendre et de tenir la capitale de la Nouvelle-France, Québec, et Montréal peu de temps après. Même si cette époque est révolue depuis longtemps, de nombreux sites de l’héritage de la Nouvelle-France sont encore visibles aujourd’hui en Nouvelle-Angleterre !

Pendant la majeure partie de l’histoire de la Nouvelle-France, une grande partie de ce qui est aujourd’hui l’État du Maine était sous la juridiction française, car les Français considéraient que la rivière Kennebec représentait la limite la plus à l’ouest de leur colonie d’Acadie. Ce n’est qu’après la chute de la Nouvelle-France en 1763 que les colons de l’État du Massachusetts furent en mesure de commencer à coloniser la région à l’est de la rivière Kennebec.

La côte entre Cape Cod et la Baie de Fundy a d’abord été largement explorée et cartographiée par Samuel De Champlain, qui finira par fonder Québec quelques années plus tard. C’est en 1604 que les Français construisent leur premier établissement permanent à l’île Ste-Croix dans ce qu’ils appelaient l’Acadie. Malheureusement, après avoir perdu plus de la moitié de leurs hommes en raison du climat rigoureux du premier hiver, les Français ont déplacé la colonie de l’autre côté de la Baie de Fundy à Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse.

“Forts in 1750” par Varing

Quelques années après l’échec de la colonisation de l’île Sainte-Croix, les Français s’installèrent davantage dans la région connue aujourd’hui comme le Maine. Ils fondèrent Castine à l’embouchure de la rivière Penobscot en 1613, faisant de cette colonie la plus ancienne de la Nouvelle-Angleterre, sept ans avant la fondation de Plymouth. Comprenant l’importance de l’emplacement stratégique de cette colonie, les Français décidèrent en 1625 de lui accorder un système de défense propre en construisant le fort Pentagouët. La colonie de Castine, avec son histoire tumultueuse et son emplacement à la périphérie de la colonie française de l’Acadie, était parfois appelée « la ligne de bataille de quatre nations ». Elle a été, en fait, attaqué et occupé à plusieurs reprises par les Britanniques, les Hollandais et plus tard les Américains, tout en étant toujours rétrocédé aux Français jusqu’à la chute de la Nouvelle-France. Castine est le site de l’une des défaites américaines majeures pendant la Guerre d’Indépendance Américaine. L’expédition américaine Penobscot tenta de reprendre le centre de la côte du Maine en 1779. Elle a abouti à l’une des plus grandes victoires navales et terrestres britanniques de la guerre. Pendant une brève période, entre 1670 et 1674, Castine est même devenue la capitale de l’Acadie.

“Carte de la Guerre de Sept Ans” par Hoodinski

La Région du Lac Champlain

La zone entre la vallée du Lac Champlain et la vallée de la rivière Hudson a été, pendant plus de 150 ans, la limite et la ligne de front entre les différents empires européens. Tout d’abord, elle avait été la frontière entre les Hollandais et les possessions française, mais elle est devenue la frontière entre les Anglais et les Français après que les Hollandais aient remis leurs biens en Amérique du Nord aux Britanniques en 1667. Les relations houleuses et tumultueuses que les Français et les Anglais avaient en Amérique du Nord forcèrent les deux puissances coloniales à fortifier la périphérie de leurs possessions américaines. Le long des cours d’eau du lac Champlain, les Français ont construit divers forts comme le fort Carillon, le fort St-Frédéric, le fort de l’Île-aux-Noix, le fort St-Jean et le fort Chambly. Sur le bassin versant du lac Champlain, les Britanniques avaient construit le fort William Henry, renforçant leur emprise sur la voie navigable de la rivière Hudson où se trouvaient le fort Edward et le poste d’Albany.

Pendant la Guerre de Sept Ans, la situation est rapidement devenue insupportable. Le conflit a commencé lorsque, en 1754, les habitants des treize colonies ont commencé à s’installer, à faire du commerce et à construire des forts de l’autre côté des Appalaches et dans la vallée de l’Ohio qui était considéré comme faisant partie de la Nouvelle-France. Entre 1754 et 1758, les Français furent non seulement en mesure de se défendre avec succès contre les nombreux assauts lancés par les Britanniques, mais ils larguent même des contre-attaques réussies et capturent fort Necessity, fort William Henry et fort Oswego.

Les trois principales routes dont les Britanniques tentèrent de prendre le contrôle étaient : la vallée de l’Ohio, l’Acadie et la vallée du Lac Champlain. La domination de la vallée de l’Ohio permettrait aux Britanniques d’interrompre les routes françaises de ravitaillement entre le Canada et la Louisiane. Le contrôle de l’Acadie et de la vallée du Lac Champlain donnerait un accès direct au cœur de la Nouvelle-France, la vallée du Saint-Laurent.

La région du Lac Champlain était l’une de ces liens stratégiques que les Britanniques visaient à conquérir. En 1757, sachant que les Britanniques préparaient d’autres invasions, les Français décidèrent de prendre les devants et de marcher sur le fort William Henry, le seul fort britannique du Lac Champlain. Le général Louis-Joseph de Montcalm, le même général Français qui perdra contre les Britanniques à Québec deux ans plus tard, assiégea avec succès et s’empare du fort. Après avoir détruit le fort, Montcalm envisagea de marcher jusqu’au fort Edward, à environ 24 km au sud, mais ce plan fut finalement abandonné en raison du risque de tenir les miliciens à l’écart de leurs fermes pour la saison de récolte dans l’une des pires années pour la production agricole en Nouvelle-France. La bataille du fort William Henry est également célèbre pour le massacre qui s’y est déroulé après la victoire française. Ce massacre s’est produit lorsque les autochtones alliés aux Français ont décidé de tuer et de piller entre 70 et 180 soldats britanniques en retraite. Même si Montcalm tenta de l’empêcher, cet événement eut de grandes répercussions dans les treize colonies et favorisa le sentiment anti-français et encouragea les colons à soutenir la guerre contre les Français.

« French and Indian War Map » par Hoodinski

Toujours en 1758, le vent a commencé à changer pour les Britanniques qui ont pu prendre le fort Frontenac dans les Grands Lacs et l’importante forteresse de Louisbourg, l’un des éléments clés pour contrôler l’accès au golfe du Saint-Laurent. Le succès à Louisbourg donne le ton pour l’année suivante, car les Britanniques sont capables de gagner presque partout. Ils ont gagné au fort Duquesne dans la vallée de l’Ohio, au fort Niagara dans les Grands Lacs, à Carillon sur le lac Champlain et à Québec, la capitale de la Nouvelle-France, avec la célèbre bataille des plaines d’Abraham. Ces victoires entouraient ce qui restait des territoires français le long du fleuve Saint-Laurent et à Montréal. Même si les Français ont remporté une victoire finale près de Québec à Sainte-Foy au printemps de 1760, ils n’avaient pas la poudre à canon et l’artillerie adéquate pour être en mesure d’assiéger Québec correctement et de la reprendre aux mains des Britanniques. Les Français, confiants que des renforts étaient en route provenant de France, décidèrent de garder leur position sur une colline en face de Québec en attendant les provisions nécessaires au succès de leur siège. La situation devint désespérée pour les Français lorsque les navires de ravitaillement britanniques avec des nouveaux hommes et des munitions commencèrent à arriver dans la baie de Québec alors qu’aucun navire français n’a été en mesure s’y rendre. Face à cette situation, les troupes françaises se retirèrent à Montréal où elles furent finalement forcées de se rendre alors que les troupes britanniques venant des Grands Lacs et du lac Champlain se regroupent avec les forces britanniques en provenance de Québec et les nouvelles troupes provenant des Îles Britanniques. On peut dire sans doute qu’une victoire française dans le lac Champlain ou dans les Grands Lacs aurait rendu plus improbable que les Britanniques l’emportent sans un combat à Montréal.

Après la conquête de Québec en 1759 et la reddition de Montréal en 1760, et en raison de leurs pertes en Europe et dans d’autres parties du monde, les Français décidèrent, en 1763, de céder tous leurs anciens territoires en Amérique du Nord du côté est du Mississippi aux Britanniques (à l’exception des petites îles de Saint-Pierre-et-Miquelon). Ceux à l’ouest du Mississippi ont été donnés à l’Espagne dans l’espoir de les récupérer un jour, ce qui s’est produit lorsque Napoléon Bonaparte a régné sur la France.